Yule correspond au solstice d’hiver. Sous nos latitudes, à ce moment de l’année, il fait jour seulement 8 à 9 heures. Le feu du soleil est encore sous terre et se prépare à naître de nouveau.
Le jour de Yule est celui de la nuit la plus longue, qui laisse place ensuite à la lumière reprenant petit à petit le pas sur l’obscurité et marquant le commencement d’un nouveau cycle. C’est le moment de rendre hommage aux “ténèbres”, réels ou symboliques, et de célébrer le feu du soleil, sa chaleur, sa lumière, qui reviennent du cœur de la terre pour s’éveiller à nouveau. C’est un temps où l’on invite la lumière dans nos maisons, dans nos vies, en honorant et en transmettant nos traditions avec nos amis et notre famille.
Durant les mois froids et sombres, le rythme quotidien de nos ancêtres ralentissait et se synchronisait avec le monde endormi autour d’eux. Aujourd’hui, pour la plupart, nous avons oublié comment “hiberner” vraiment. Dans notre monde moderne, nous pouvons maintenir une température constante dans notre demeure toute l’année ; et la pression d’un doigt sur un interrupteur fait apparaître la lumière de l’été en plein cœur d’une nuit d’hiver.
Même si nos vies modernes nous ont déconnectés des anciens cycles agraires, les fêtes de l’hiver, elles, perdurent, et jouent le rôle important de nous relier au “ressenti” essentiel de cette saison. Si comme moi vous vous sentez de plus en plus proche du sacré de la Vie, et que vous avez envie de vous rapprocher rythmes de la terre en vous réappropriant les célébrations de la roue de l’année comme le faisaient les anciens, voici quelques idées pour revisiter les traditions et remettre du sens dans les fêtes de fin d’année, loin de la fièvre acheteuse que subit cette période de l’année.
Histoire et traditions
Le terme solstice signifie “le soleil est immobile” et fait référence au soleil dont le mouvement très lent est presque imperceptible lorsqu’il atteint son point le plus haut dans le ciel en été, et son point le plus bas sur l’horizon en hiver. Yule, lui, est un mot fortement lié à un certain nombre de fêtes religieuses et de traditions spirituelles. Ce terme a pour origine le vieil anglais geól et peut faire référence (1) au jour ou à la période de Noël, (2) au mot du vieux norrois jól, désignant une fête païenne qui durait 12 jours, dont les Irlandais ont conservé nombre de traditions, d’ailleurs. Depuis le XIXème siècle, le terme de Yule est employé dans les pays anglophones comme synonyme de Noël et des festivités associées.
Chez le Celtes
C’est la période où les druides ramassent le gui, et conduisent des sacrifices pour le retour du soleil. Le caractère sacré des sacrifices tenaient aussi au fait que cette période de froid était souvent une période de famine, en particulier en Europe du Nord. C’est pourquoi, pour ne pas avoir à nourrir le bétail, il était abattu. Bon, ayant changé de contexte aujourd’hui, je suis prête à sacrifier quelques victuailles pour préparer l’assiette des esprits de la nature, mais le reste, je le laisse au chaud chez les anciens. 😅
Un mythe nous raconte que deux rois règnent tour à tour sur la terre, régissant ainsi la roue du temps. Le roi Houx, qui représente l’aspect yin du temps, règne du solstice d’été au solstice d’hiver, durant la période où les jours raccourcissent et gagne en obscurité. Le roi Chêne, qui représente l’aspect yang du temps, règne du solstice d’hiver au solstice d’été, où la luminosité gagne du terrain. Chaque année, aux solstices les deux rois se livrent un combat sans merci. Au solstice d’hiver, c’est le roi Chêne qui remporte la bataille, puisqu’à partir de ce moment, même nous serons plongés dans l’obscurité pendant encore de longues semaines, le soleil croît peu à peu. La même bataille se rejouera en sens inverse à Litha, au solstice d’été, le 21 juin.
Ces idées, inspirées par le Rameau d’Or de Sir James Frazer, se concentrent sur le conflit binaire entre les forces de la lumière et les forces de l’obscurité, qui caractérisent un cycle qui doit se perpétuer pour que la vie se poursuive.
Si vous avez envie de vous relier à l’énergie du Roi Chêne et du Roi Houx, cliquez sur leurs noms pour télécharger un dessin à imprimer, pour le colorier, le peindre ou le broder, pourquoi pas. 😉
Chez les Écossais
On célèbre Beira, reine de l’hiver. C’est une déesse triple qui a une forte présence entre Samhain et Beltane. C’est elle qui apporte les tempêtes.
Chez les Romains
Les anciens Romains avaient aussi leurs propres mots pour cette période : Dies Natalis Solis Invicti : le jour de naissance du soleil invaincu. Durant les saturnales, festivités qui s’étendaient sur plusieurs jours autour du solstice d’hiver, on célébrait le dieu Saturne. Tandis que les barrières sociales disparaissaient, on organisait des repas, on échangeait des cadeaux, on offrait des figurines aux enfants et on plaçait des plantes vertes dans les maisons, notamment du houx, du gui et du lierre.
De cette période, nous avons hérité de la traditionnelle galette des rois. Mais patience, je vous raconterai tout ça au moment de la galette. 😉
Les Romains entretenaient aussi la tradition de décorer les arbres.
On retrouve de nombreuses correspondances entre les fêtes de la roue de l’année selon les rituels païens et les fêtes chrétiennes toute l’année durant. Cela s’explique par le fait que les nouveaux chrétiens reprirent des codes, des symboles et des traditions païennes pour faciliter l’adhésion de tous à la religion chrétienne. La période de Yule ne fait pas exception.
Légende des arbres toujours verts
La légende raconte qu’au commencement du monde, au premier automne, le soleil annonça aux arbres de la forêt qu’il allait partir pour un temps, en leur assurant qu’il ne fallait pas s’inquiéter parce qu’il serait vite de retour. Mais lorsque le froid et le gel apparurent, tout les arbres furent pris de tristesse, et de désespoir, et ils laissèrent tous tomber leurs feuilles. Tous, sauf le pin, le sapin et le houx, qui pouvaient encore voir le soleil, au loin par dessus la colline. Le soleil décida donc de récompenser la foi des arbres qui n’ont pas perdu espoir, en leur laissant leurs aiguilles et feuilles vertes toute l’année. Quant aux autres, ils furent condamnés à perdre leurs feuilles à chaque automne.
Les symboles de Yule
La bûche de Yule
Symbole important de cette célébration, la bûche n’est apparue sous forme de dessert dans nos assiettes que dans les années 1930. Traditionnellement, il s’agissait d’une très grosse bûche, voire d’un tronc d’arbre abattu pendant Beltane ou Mabon, qui devait se consumer très lentement. L’idéal était qu’elle puisse durer pendant les douze jours du cycle (jusqu’au nouvel an) ou au moins pendant trois jours. Lors de l’allumage, on bénissait la bûche à l’aide d’une branche de buis, ou de laurier, conservée depuis la fête de Beltane. Dans certaines régions, lors de sa combustion, la bûche était arrosée de cidre, de bière, de farine ou encore de vin afin d’assurer de bonnes récoltes ou une bonne vendange. On conservait souvent les tisons afin de préserver la maison de la foudre ou du diable et les cendres étaient répandues dans les champs pour fertiliser la terre. On conservait aussi toute l’année du charbon qu’on faisait entrer dans la composition de plusieurs remèdes.
Certains y gravaient des symboles protecteurs, ou encore y plaçaient des papiers sur lesquels ils écrivaient leurs vœux pour l’année à venir. Allumée avec des tisons de la précédente bûche de Yule ou de la fête de Litha de l’année passée, ses cendres servaient de protection (et autres croyances populaires) à toute la maisonnée jusqu’à l’année suivante.
Aujourd’hui, si l’on a pas de cheminée ou de poêle à bois, on peut mettre la bûche au centre de la table en la décorant de branchages, de rubans, de bougies, de fruits, etc. Celles et ceux qui ont envie de pousser la force des symboles jusqu’à l’essence du bois, on peut par exemple choisir une bûche de bouleau pour symboliser la renaissance, du chêne pour la guérison, ou du sapin pour l’abondance.
Chaque année, je vous donne rendez-vous pour une célébration du solstice d’hiver, qui s’inspire des traditions de nos ancêtres. Rendez-vous sur la page Concerts & Ateliers pour en savoir plus.
L’arbre de Yule
On trouve déjà la trace d’un arbre sacré dans les anciennes traditions païennes, dès 2000 ans avec JC. Le calendrier Celte était basé sur le cycle lunaire, et chaque lunaison était représentée par un arbre sacré à leurs yeux.
Tout naturellement, le mois du solstice d’hiver, mois de la renaissance du Dieu Soleil fut associé à l’arbre représentant l’enfantement et la vie… l’épicéa !
Lors des festivités de Yule, il était alors d’usage de choisir un épicéa majestueux dans la forêt et de le décorer de chandelles, de fruits, de fleurs et de blé en présents au Soleil nouveau né.
Une étoile de paille était placée en haut du sapin, symbolisant l’étoile polaire, boussole pour retrouver son chemin.
Ce n’est que depuis 1920 que nous invitons l’épicéa dans nos chaumières comme arbre de Noël. Et à l’heure où l’on s’inquiète de défigurer la planète en abattant trop d’arbres qui finissent en déchetterie plutôt qu’en bois de chauffage, cette tradition venue d’Allemagne connaît aujourd’hui quelques modulations.
Si vous optez pour la version “in-house” de l’arbre de Yule, il existe aujourd’hui toutes sortes de solutions zéro-déchet à construire avec des objets de récup. Par exemple, personnellement, j’opte pour un bouquet de branchages que je décore avec toutes sortes de petits objets chatoyants.
Si vous optez pour la version extérieure, si vous n’avez pas d’épicéa sous la main, rien ne vous empêche de le remplacer avec un arbre de votre jardin, ou bien un feuillu auprès duquel vous aimez bien vous promener lors de vos balades en forêt.
L’offrande de présents
La tradition d’offrir des cadeaux au solstice d’hiver est très ancienne. Certains des présents les plus anciens étaient des dons pour apaiser les dieux et les déesses de l’hiver et demander à ce qu’ils intercèdent pour empêcher les famines, faire cesser le gel, etc. D’autres cadeaux étaient laissés en guise de supplication : on espérait attirer la faveur des dieux et en bénéficier. Cette approche s’applique aussi à la faveur du petit peuple ( gnomes, trolls, fées et autres habitants de la forêt).
Les cadeaux du solstice d’hiver peuvent représenter une récompense ou un encouragement à bien agir ou à bien se comporter. Par exemple, on pense au jour de la Saint Nicolas, célébré le 6 décembre dans de nombreux pays d’Europe. Les enfants bien élevés et obéissants voient leurs bas de laine ou leurs souliers remplis de sucreries et de cadeaux, tandis que ceux qui n’ont pas été sages peuvent bien n’y retrouver que des bouts de bois, des morceaux de charbon et des cailloux.
On offrait des cadeaux en forme de charmes, de talismans ou de choses similaires pour écarter le danger ou garantir la protection des voyageurs. D’autres étaient offerts en guise d’hommage, par exemple, au propriétaire ou au patron. Ainsi, les Romains faisaient souvent au nouvel an des cadeaux appelés strenae.
Bien sûr, on offrait d’autres présents en signe d’amour ou de bonne volonté. Les dons pouvaient prendre la forme de service. De nos jours, ce type de cadeau est encore celui qui apporte le plus de joie à notre saison de fêtes.
Surfer sur l’énergie de Yule
Les changements de temps, le froid, la neige et la glace, la dépression saisonnière, la raréfaction de la lumière du jour et de nourriture fraîche – à condition de manger local et de saison – sont autant de rudesses à endurer pour traverser la saison froide. L’hiver est un moment de résilience. C’est le moment de regarder profondément en soi, pour y trouver la force de nourrir son étincelle intérieure et de faire naître de ces luttes, réelles et symboliques, le courage, la force et l’autonomie.
Surfer sur l’énergie de Yule permet de faire de l’hiver un ami, un partenaire saisonnier, qui a tant de secrets à révéler. Inspirez-vous de la nature en sommeil, et prenez le temps de dormir, de sonder vos propres profondeurs en méditant et en prêtant l’oreille à vos rêves, pour laisser se révéler à vous ce qui est déjà en train de naître à nouveau, en toute discrétion.
Célébrer les fêtes de fin d’année avec (bon) sens
De la table de fête au pied du sapin en passant par la décoration et les tenues de soirée, la période de fin d’année est souvent une période d’excès en tous genres. Pour renverser la tendance et pour faire les choses dans la mesure, le mieux est d’y remettre du (bon) sens !
Voici quelques idées à décliner comme bon vous semble.
Décorer avec des objets naturels
Promenez-vous dans la nature pour ramasser des éléments qui vous aideront à décorer votre intérieur, ou encore pour réaliser un encens. Par exemple, quelques brindilles peuvent orner un pot à confiture et le transformer en un joli photophore ; des pommes de pin dont on peint les pointes avec un peu de blanc peuvent agrémenter une guirlande ; des branches de gui, de houx, ou encore d’aubépine décoreront à merveille une couronne de porte ; des baies de sorbier associées ou non à de petits grelots pourront s’installer en guirlande à accrocher sur le sapin ou sur une couronne de porte, etc. Il y a aussi la solution d’ encourager les artisans locaux ou encore les magasins de seconde main, qui présentent l’avantage de satisfaire les petits budgets.
Pour les personnes qui veulent mettre encore plus de sens dans leur décoration, voici une liste non exhaustive des symboliques associées à la période de Yule.
les couleurs
Blanc : renouveau, neige, calme, paix, protection, silence
Or : dons, prospérité, richesse, énergie solaire, associé aux dieux et à la royauté
Rouge : vitalité, feu (intérieur et extérieur), force vitale
Vert : abondance, vie éternelle (conifères qui vivent tout l’hiver), nouveaux commencements, richesse
les végétaux et épices
Cannelle : renouveau, autorité, force, intuition
Cardamome : contentement, abondance, divination
Cèdre : courage, détermination, discipline, traversée du temps et des épreuves, prospérité, purification
Clou de girofle : attraction, autorité, divination, force, guérison, protection, purification
Conifères : symboles naturels de renaissance, de résurrection et de vie éternelle
Épicéa : adaptabilité, paix de l’âme, ancrage, clarté, force, persévérance, protection
Genévrier : protection, longévité, fortune
Gui : bien-être, guérison, paix, prospérité, protection, repos
Houx : chance, force, protection, réconciliation, tissage de liens, sagesse, souhaits
Lierre : intuition, naissance, renaissance, renouveau, transformation, vitalité
Muscade : conscience, inspiration, intelligence, intuition, vigilance, abondance
Pin : fertilité, prospérité, protection, santé et guérison
Romarin : clarté intellectuelle, divination, force, guérison, protection, vigilance, purification
Rose de Noël : force, protection, ténacité
Safran : émotion intense, passion, prospérité, richesse, sensibilité
Sapin : calme, confort, intuition, protection, royauté
NB : il va de soi que si ces éléments ont une autre signification pour vous, c’est votre symbolique personnelle qui prime ! La force d’un symbole réside dans le sens qu’on lui donne. N’accordez d’importance qu’à ce qui a du sens pour vous.
Faire son propre calendrier de l’Avent
C’est un chouette moment pour semer des graines de magie dans les cœurs… Que ce soit un calendrier de l’Avant pour prendre soin de soi et/ou pour passer du temps avec les personnes qui nous sont chères, c’est toujours un fabuleux cadeau à s’offrir que de faire les choses en présence.
Cette année, j’ai créé un calendrier de l’Avent des moments à partager. N’hésitez pas à vous en inspirer pour créer le vôtre.
Fabriquer ses cadeaux soi-même
Rien de tel qu’une touche personnelle pour faire un cadeau avec intention. Ça marche aussi pour les adeptes du Secret Santa (ou tirage au sort de Noël).
Personnellement, j’adore offrir des “bons pour” ou des cadeaux faits maison. Que ce soit un marque-page personnalisé pour agrémenter le livre qu’on choisit d’offrir, une écharpe tricotée soi-même, une boîte de biscuits ou un pot de confiture, l’essentiel est d’y mettre du cœur.
Donner aux plus démunis
Les fêtes de fin d’année sont souvent l’occasion de réveiller des élans de générosité qui ont moins souvent l’occasion de s’exprimer durant le reste de l’année. Profitez-en et surfez sur la vague de l’ouverture du cœur. Proposez votre aide à une association, préparez un repas à distribuer aux sans abris ou participez à la soupe solidaire de votre secteur, fabriquez des cadeaux à donner à Emmaüs, faites du tri à la maison et donnez les jouets dont vos enfants ne se servent plus et qui sont encore en état pour faire le bonheur des enfants nécessiteux, réparez quelques chants de Noël à chanter en faisant du porte à porte, ou organisez un concert spontané à chanter dans la rue avec votre chorale, etc. Les idées ne manquent pas.
Sur ce, je vous souhaite une merveilleuse fête de Yule !
Source : Pesznecker, S. (2017). Yule. Éditions Danaé