Orthographié de plusieurs manières, le mot se prononce toujours ‘lou-na-sa’. Lugnasad est l’un des huit rendez-vous de la roue de l’année celtique. Cette fête se tient traditionnellement au soir du 31 juillet, jusqu’au lever du soleil le 1er août, quoi que certain·es se fient aux astres pour décider du jour de célébration, qui coïncide tantôt avec la nouvelle lune qui a lieu autour du 1er août, tantôt avec l’alignement de la Lune à 15 degrés de la constellation du Lion. D’autres préfèrent s’en remettre à la maturité des grains, et d’autres encore s’ajustent sur le dimanche le plus proche du 1er août.

Quoi qu’il en soit, en ouvrant le bal de la période des récoltes, Lugnasad marque l’arrivée des premières énergies de l’automne. Le doré des champs de céréales, qui prend le pas sur la lumière argentée de l’été, témoigne de la course du soleil qui descend vers son nadir. Même si d’autres récoltes sont à venir, on s’affaire déjà à rentrer le grain et à faire des réserves de fruits et de graines en prévision de l’hiver. Ainsi démarre la période durant laquelle la nature donne tout ce qu’elle a, avant de commencer à se replier sur elle-même jusqu’au printemps prochain.

Parmi les fêtes de la roue de l’année, Lugnasad est un des temps forts les plus simples à aborder, tant sa dynamique énergétique est évidente. Même si la plupart d’entre nous ne cultivons plus la terre et vivons loin des préoccupations de subsistance de nos ancêtres, en allant sur la route des vacances, nous croiserons forcément un tracteur et sa remorque chargé de grains, un convoi exceptionnel transportant une moissonneuse batteuse, ou un champ orné d’énormes roues de paille fraîchement pressée.

Contrairement aux festivités de Samhain, de Beltane et d’Imbolc, le feu ne semble pas avoir tenu une place centrale dans les célébrations de Lugnasad. Peut-être est-ce dû à la chaleur et à la lumière ambiante, qui se suffit à elle-même ? Ça n’était sûrement pas le moment de risquer de mettre le feu aux champs qui allaient bientôt être moissonnés ! En tout cas, cette fête est centrée autour de la gratitude pour l’abondance et la générosité de la nature, dont on s’attire les bonnes grâces en lui sacrifiant les prémices des moissons.

Pour nous aussi, c’est le moment de commencer à récolter les fruits de ce que nous avons semé cette année. Les fruits de la nature, mais aussi ceux de nos actions … ou inactions. Lugnasad offre un premier temps de bilan, où nous sommes invité·es à prendre conscience de ce que nous avons semé, de la manière dont nous l’avons fait, de l’objectif que nous cherchions à atteindre et de la récolte que nous obtenons aujourd’hui. La mise en lumière de tous ces aspects nous permettra de réajuster nos actions et de semer différemment lors du prochain cycle. Mais en attendant de nous remettre au travail d’arrache-pied, le temps est à la célébration de nos accomplissements. Saluons le chemin parcouru, et dégustons les fruits de nos efforts.

Histoire et traditions

Voilà environ 12000 ans que la quasi totalité des humains de notre planète cultive la terre pour se nourrir. Les fêtes et traditions de nos ancêtres étaient centrées sur le cycle des saisons, rythmant la croissance et la récolte des plantes qui les nourrissaient, eux et leur bétail. Même si les symboles et les pratiques diffèrent d’une culture à l’autre, on trouve tout autour du globe de nombreuses cérémonies spirituelles basées sur la moisson, qui partagent les thèmes communs de sacrifice, de gratitude, d’espoir et de renouveau.

Issu du gaelic lug, qui désigne le dieu Celte de la lumière et des moissons, et nasad, qui signifie ‘assemblée’, Lugnasad se traduit donc en ‘assemblée de Lug.’

La période de transition que l’humanité connaît aujourd’hui me fait penser à un Lugnasad géant. Nous récoltons les fruits de ce que notre espèce a semé depuis des millénaires, et comme à chaque fin de période, il nous faut procéder à la sélection des semences que nous planterons au cycle suivant. Au fil des âges, nous avons insidieusement objectifié la nature, au point d’en être quasi totalement déconnectés aujourd’hui. En ayant tout à portée de main en un simple clic, nous avons oublié les notions de manque et de pénurie que connaissent pourtant nombre de nos voisins humains. Et si l’engouement pour le néo-paganisme était une réponse aux défis que pose notre vie moderne ? En nous inspirant des anciennes traditions, nous pouvons nous familiariser à nouveau avec la nature, et nous remettre à notre juste place dans notre environnement. Pour répondre à notre quête de sens, il me semble urgent de redevenir conscient·es des liens d’interdépendance qui sous-tendent toutes les relations du monde vivant, et de vivre la joie de faire partie de ce grand tout.

Chez les Celtes

Lugh
San Martin de Artaiz, Espagne

Lugnasad était un temps d’abondance, de prospérité et de partage. On se rassemblait pour les moissons, et la période était ponctuée de festivals et de foires, où se tenaient courses de chevaux, grands marchés agricoles, compétitions et jeux, et festins luxuriants. C’était aussi l’occasion d’observer une trêve, dont on profitait pour légiférer, sceller des accords, faire commerce et honorer ses dettes. C’était aussi un moment populaire pour les mariages à l’essai, mais aussi pour les unions permanentes.

On officiait des rituels au cours desquels les prémices des récoltes céréalières étaient portées en haut d’une colline et enterrées en offrande. Il était de coutume de sacrifier un taureau et de pratiquer une cérémonie utilisant la peau de l’animal. On jouait une pièce de théâtre rituelle, relatant le triomphe de Lug sur la famine et les maladies des récoltes, pour s’attirer les bons augures.

Point central des célébrations, le festin était composé de myrtilles ramassées au petit matin, de la chair du taureau sacrifié, et des aliments fournis par la nouvelle récolte (des céréales, puis plus récemment des pommes de terre).

Les habitants du littoral demandaient aux dieux d’ouvrir la bouche des poissons pour la pêche et de protéger les récoltes de blé. Dans les Hébrides, on offrait une chope de bière en offrande à Seonaidh, un esprit des eaux et de la mer, en échange d’abondantes récoltes.

Chez les Romains

Le 1er août, les Romains de l’Antiquité donnaient une fête en l’honneur de César Auguste qui avait fondé l’Empire, et on célébrait Victoria Virgo, déesse de la Victoire. Le 21 août, lors du festival des Consualia, on organisait des courses de chevaux et on brûlait les prémices des moissons, dont on offrait les cendres en remerciement à Consus, dieu de la récolte des fruits et des céréales. La déesse de l’abondance Ops, aussi connue sous le nom d’Opis, était célébrée le 25 août, lors du festival de l’Opiconsivia, où l’on fêtait la réussite de la rentrée des moissons.

Au fil du temps et des cooptations, le dieu Lug fut assimilé au dieu Mercure des Romains.

Chez les Amérindiens

Danse Marua, prières à Muingwa, et danse du Serpent étaient accomplies chaque mois d’août par les Hopi, dans l’espoir d’assurer la fertilité, un temps clément et une récolte abondante. Les Cherokee, les Creek, les Choctaw et les Chickasaw célébraient le Festival du Maïs Vert, qui était une époque de renouveau, où l’on réglait les conflits, on pardonnait les dettes et les disputes, et où régnait une atmosphère de paix et de liesse.

Toutes ces célébrations avaient en commun des danses et des chants rituels, et des offrandes et prières aux Esprits.

Chez les Africains

Les festivals de la moisson sont aussi très communs en Afrique. Au Nigéria, le Festival annuel du Nouvel Igname trouve ses origines dans les croyances des tribus Ibo et Yoruba. Chants, danses, percussions, parade et festin à tonalité spirituelle constituent les festivités, qui s’étalent sur deux jours.

Au Ghana, lors du festival Homowo, qui peut se traduire par ‘hululer de faim,’ le peuple Ga prépare une nourriture rituelle spéciale et fait des offrandes aux ancêtres. La danse au son des percussions et le partage du repas sont des aspects importants de cette célébration.

Chez les Russes

Plusieurs fêtes avaient lieu pendant le mois d’août, chacune consacrée à un esprit de la nature personnifié, qu’on dénommait ‘sauveur’. Le 1er août, on récoltait le miel et on bénissait les sources d’eau, en l’honneur du Sauveur du Miel ou Sauveur Humide. La première cueillette de pommes avait lieu le 6 août, consacré au Sauveur des Pommes. Manger des pommes avant cette date était tabou, et quiconque transgressait la règle était condamné, pour se racheter, à se priver de pommes pendant quarante jours. On peut trouver ça anodin aujourd’hui, mais imaginez vivre ça dans un contexte où les ressources vivrières sont rares, et les seules gourmandises à disposition sont les fruits juteux et sucrés, dont la nature abonde précisément à ce moment-là. Un véritable supplice de Tantale !
On pouvait commencer à ramasser les noix à partir du 16 août, jour où l’on honorait le Sauveur des Noix.

Les symboles de Lugnasad

La moisson et la cueillette

Après les semailles sous le lit de la terre à la fin de l’hiver, la germination sous les tendres rayons du soleil renaissant au printemps, la pousse fulgurante encouragée par le soleil de plus en plus puissant durant l’été, vient le temps où tout dans la nature arrive à maturité. Les céréales, mûries et séchées au soleil, seront bientôt mises à l’abri pour nourrir les humains et le bétail durant tout l’hiver, dans l’attente du cycle prochain.

L’époque des moissons était généralement synonyme de soulagement, car on pouvait enfin compter sur un renouvellement des stocks de vivres, qu’on avait épuisés tout au long du cycle précédent. Après la domestication des céréales, elles ont bien vite dominé les humains à leur tour, qui en sont devenus dépendants. On comprend bien le caractère sacré des premières récoltes, qui gageaient d’écarter la famine.

Les céréales et le pain

Saison des moissons oblige, les céréales, le pain et les gâteaux ont une place de choix sur la table du festin. Je vous recommande de tester ma recette de muffins noix & myrtilles, c’est un véritable délice. Pour celles et ceux qui veulent s’y essayer, vous pouvez aussi confectionner votre propre pain pour l’occasion, en y intégrant, pourquoi pas, des graines et des fruits secs.

Les baies

À Lugnasad, on cueillait des baies dans les haies environnantes. Si les petits fruits étaient en abondance, cela gageait d’une bonne saison de récolte. Sous nos latitudes, c’est la saison des mûres et des myrtilles sauvages. Si vous avez la chance de vous balader en moyenne montagne, attardez-vous dans un buisson, en prenant soin de laisser de quoi manger à la faune sauvage, qui se régale de ces perles délicieuses.

Les foires et les jeux

Participer aux festivités de Lugnasad permettait d’espérer de recevoir abondance et prospérité : blé, fruits et légumes, lait, poissons et autres étaient échangés sur les marchés. Toute la saison des moissons était ponctuée de grands rassemblements, où l’on organisait des marchés, des festins où l’on chantait et dansait, et des jeux, ressemblant aux jeux olympiques antiques. Guerriers et athlètes se rencontraient pour se mesurer dans des épreuves de saut, de course à pied, de lancé, d’archerie, de lutte, de boxe, de natation, de course de char ou de chevaux. À Teltown, situé dans le comté du Meath en Irlande, on a retrouvé la trace de lacs artificiels datant de l’époque où se tenaient ces jeux.

Pour le clin d’œil, encore aujourd’hui, les jeux olympiques d’été modernes se tiennent à l’époque des moissons de l’hémisphère nord.

L’eau

De même qu’à Imbolc et Beltane, à Lugnasad, on se rendait en pèlerinage à des sources ou des puits sacrés. On y faisait des prières en tournant dans le même sens que le soleil autour du puits, et on y déposait une pièce de monnaie ou une lanière de tissu en offrande. On faisait traverser un cours d’eau par le bétail, pour le purifier et lui attirer de bons augures.

Vous pouvez trouver un point d’eau aux alentours de chez vous, pour y conduire un rituel de gratitude et d’offrande à l’eau, qui est source de toute vie sur terre. Dans le sens de la tradition, vous pouvez aussi y inclure une prière de bénédiction et de bonne santé.

Le partage des victuailles

Le festin de Lugnasad était l’occasion de grandes tablées, où l’on partageait le repas, composé de la viande du taureau sacrifié, des baies, des fruits et légumes provenant des récoltes, le tout arrosé de bière. Il était traditionnel de préparer pains et gâteaux avec les ingrédients de saison, et d’aller les manger dans les champs ou les pâturages. De petits morceaux étaient jetés par-dessus l’épaule alternativement à gauche et à droite, en offrande aux esprits de la nature pour qu’ils favorisent les récoltes et protègent le bétail des prédateurs.

Surfer sur l’énergie de Lugnasad

L’été bat son plein. Les journées ensoleillées incitent aux activités de plein air, et baigné·es dans l’ambiance chaleureuse, on s’ouvre volontiers au monde extérieur, dans un esprit de communion et de fraternité. Bon nombre d’amitiés sont nées d’un apéro partagé entre voisins de camping.

De nos jours, nous sommes nombreux à lever le pied pendant les vacances d’été, mais c’est une des périodes les plus actives pour les paysans, pour qui l’heure de la moisson et de la récolte a sonné. Même si le soleil décline peu à peu depuis Litha, les journées sont les plus chaudes de l’année, et les soirées se prolongent durant tout l’été. Loin d’être au repos, la nature offre une abondance de fruits, de graines et de légumes savoureux. On se rassemble entre amis ou en famille pour partager des repas agrémentés de salades en tous genres, de soupes froides, de ratatouilles, de clafoutis et de grillades.

Dans nos sociétés modernes, peu d’entre nous ont le loisir de vivre au rythme de la nature, et même si nous nous sentons déborder d’énergie, rappelons-nous que le temps des vacances est venu, et que c’est le moment de prendre du temps pour se ressourcer. Ne nous enquerrons pas d’un objectif de performance sportive pendant nos trois semaines de vacances, sous prétexte que nous n’avons pas le temps de faire du sport le restant de l’année. Mesurons nos efforts, et prenons le temps de la détente, pour préserver et ressourcer notre énergie, dont nous aurons besoin à la rentrée de cet automne.

Commencer le bilan

Dans la lecture du zodiaque, nous sommes dans l’énergie du Lion, qui amène la force du fruit engendré, et la maturité éclatante au soleil. Nous sommes dans l’intersaison chinoise, où les dynamiques de deux saisons s’entremêlent et où nous rejoignons notre centre. Le temps est propice à faire un premier bilan. À l’échelle d’un être humain, Lugnasad correspond à la période de la quarantaine.

Que nous ayons formalisé nos objectifs ou non, voyons quels efforts nous avons fournis dans nos projets, nos relations, notre spiritualité, notre croissance personnelle, et les choses que nous pouvons en récolter aujourd’hui. C’est un moment propice pour exprimer notre gratitude pour tous les fruits produits jusqu’ici. Arrêtons-nous un instant ; prenons un peu de recul, le temps de reconnaître, affirmer et savourer nos accomplissements, et de nous donner une tape dans le dos.

Comme on récolte les grains dorés par le soleil, qui nous nourriront pendant tout l’hiver, rassemblons des souvenirs agréables, qu’il sera utile de nous remémorer durant des moments plus sombres.

La période est aussi propice à faire un premier tri : comme on sépare la graine de son épi, c’est le moment de sélectionner, parmi nos comportements, nos habitudes et nos relations, ce que nous conservons, ce que nous recyclons, et ce que nous laissons derrière nous.

Récolter et faire ses provisions

À Lugnasad, on commence dors et déjà à préparer les provisions pour l’hiver. Même si aujourd’hui leur nécessité est toute relative, les activités de cueillette et de transformation n’en restent pas moins agréables, permettant de se relier aux énergies de la terre et de partager des moments conviviaux en famille ou entre amis. On profite des vacances pour prendre son temps, prendre un bain de la nature généreuse qui nous entoure, et déguster ses fruits juteux et délicieux. Je vous invite, lors de votre prochaine cueillette-repas au milieu des buissons et des ronces, à réveiller la mémoire atavique de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs imprimée dans notre ADN. Ressentez, jusqu’au cœur de vos cellules, le bonheur de vous remplir la panse de cette nourriture savoureuse qui émoustille les papilles.

La préparation de bocaux, fruits séchés, confitures, pâtes de fruits, jus, sirops, vins et liqueurs, quant à elle, ravivera des mémoires plus récentes. J’ai un souvenir gourmand des cerises et des pêches au sirop de ma grand-mère, auxquelles tous les autres fruits au sirop n’ont jamais pu se mesurer. Je ne sais pas si c’était une tradition familiale, mais quoi qu’il en soit, il serait temps que je la ravive, c’est tellement bon ! En attendant, je prépare des conserves de sauce tomate maison, et de la confiture de poires et baies de sureau noir.

C’est aussi le bon moment pour s’enquérir de nombreuses plantes aromatiques et médicinales : reine des prés, achillée millefeuille, marjolaine, origan, sauge, romarin, lavande, guimauve, basilic, coriandre, houblon, plantain, camomille, etc. Cette récolte permet de faire les réserves de tisanes et aromates pour l’année à venir, mais aussi de préparer macérats, onguents et baumes pour soigner les bobos du quotidien.

Si vous n’avez pas de jardin ou pas d’accès à une nature sauvage pour vous plonger dans l’énergie de la première moisson, vous pouvez récolter vous-même vos fruits et légumes chez un maraîcher qui propose la vente à la cueillette. Il y en a de plus en plus, je suis sûre que vous pourrez en trouver un près de chez vous. Beaucoup de maraîchers proposent également la vente au cageot des légumes qui mûrissent en abondance. C’est le moment de vous familiariser avec les méthodes de conservation maison. Partisane du low-tech, je vous encouragerais plus volontiers sur le terrain de la mise en bocaux et du séchage que celui de la congélation, mais faites comme vous pouvez.

Si vous débutez dans le domaine de la conserverie, commencez par les choses qui vous semblent les plus simples. Pour certains·e, ce sera les confitures, pour d’autres, les bocaux de légumes, tels que les haricots, les tomates, les petits pois, la ratatouille ou encore les cornichons. Vous n’êtes pas obligé·e de tout faire vous-même, n’hésitez pas à proposer des échanges autour de vous. Si l’activité d’épluchage et de préparation est souvent fastidieuse quand on est seul·e, elle est beaucoup plus sympathique à plusieurs ! N’hésitez pas à vous donner rendez-vous entre ami·es ou en famille, pour préparer les conserves ensemble et répartir les bocaux entre vous.

Remercier et partager

Dans l’esprit des anciennes traditions et coutumes, si vous cultivez un potager, vous pouvez récolter vos graines, et en offrir une partie à Dame Nature et/ou à vos voisin·es et ami·es. Vous avez également l’option d’offrir quelques-unes de vos confitures et pâtes de fruits.

Partagez un bon repas entre amis ou en famille, en prenant le temps de mettre en conscience tout ce qui a permis de vous asseoir autour de la table pleine de victuailles. Ça rappellera peut-être à certain·es d’entre vous, des souvenirs de dimanches chez les grand-parents, où l’on ne mettait pas les coudes sur la table, et où ne commençait à manger qu’après avoir récité le bénédicité. Que le souvenir de ces moments soit agréable ou non, je vous propose d’en créer un nouveau, avec un temps de gratitude rien qu’à vous. Vous pourrez choisir de revisiter les coutumes de vos aïeux, ou pourquoi pas, en faire un jeu. Pendant ce repas de fête, prenez le temps de manger en conscience, et amusez-vous à retracer la vie des légumes, des fruits et des céréales qui composent votre menu ; puis mettez en conscience ce qu’il vous apporte (gourmandise, joie, nutriments, vitamines etc.) Cela vous aidera aussi à mettre de la conscience sur la fécondité de la terre, et sa générosité.

En résonance avec les anciennes coutumes d’offrandes, on peut aussi donner un coup de main à un·e voisin·e ou un·e ami·e, ou encore faire un don à une association. Temps, argent, matériel, savoir-faire, savoir-être, exceptionnel ou régulier, le don de soi contribue à nous faire nous sentir partie prenante d’un cycle plus grand que nous.

Quoi que vous choisissiez de faire, habitez-le. Si ça sonne creux pour vous, n’insistez pas. L’esprit de Lugnasad est celui de la gratitude, de la récolte et du partage.

Décorer sa maison pour inviter la générosité et l’abondance

Lugnasad marque un temps de transition, où l’on ressent encore le soleil estival de Litha, et où l’on ressent déjà la douceur automnale de Mabon. Pour refléter l’énergie de Lugnasad dans votre décoration intérieure, soyez attentif·ve aux détails. Parce qu’elle emprunte à la fois à la dynamique de l’été et de l’automne, la signature de Lugnasad réside dans les nuances subtiles de l’entre-deux. Laissez-vous inspirer par ce que vous ressentez de cette phase dans la nature, et invitez dans votre intérieur des éléments qui en capturent l’essence. Cela peut être, par exemple, un centre de table orné de fruits aux teintes dorées et orangées, ou encore un vase en terre cuite, garni de graminées glanées sur le bord d’un chemin, et d’un brin de lierre, pour mettre un touche de vert. Pourquoi pas réaliser une couronne en pâte à sel, ou en épis de blé tressés, sur laquelle vous pourrez coller des fleurs séchées, avant de l’accrocher sur votre porte d’entrée, etc. Si vous avez des enfants, invitez-les à participer, tout en leur parlant de la magie de leurs intentions, je suis sûre qu’ils se prendront au jeu.

Pour les personnes qui veulent mettre encore plus de sens dans leur décoration, voici une liste non exhaustive des symboliques associées à la période de Lugnasad :

les couleurs

Brun : énergies de la terre, force, protection, santé, instinct
Jaune : énergies solaires, lumière, joie, générosité, créativité, transformation, lucidité
Or : énergies célestes, prospérité, potentiel, réussite, sagesse, clarté, accomplissement
Vert : végétation, abondance, croissance, fertilité, sérénité, santé, prospérité, richesse

les végétaux

Ail : protection, force, défense, purification, courage
Aster : amour, chance, espoir, amitié, intuition
Basilic : protection, chance, amour, richesse, abondance, générosité, perception subtile
Calendula (souci) : guérison, chasse les soucis, paix, protection
Centaurée (bleuet) : fertilité, abondance, amitié, perception subtile, paix
Chêne : force, protection, vie, noblesse de cœur
Coquelicot : calme, communication, détermination, harmonie, prospérité, purification
Fenouil : purification, défense, courage, protection, clarté, partage, force nourricière
Houx : protection, défense, liens, force, ténacité, chance, magie, abondance
Laurier : victoire, protection, liens, magie des rêves
Mûre : protection, liens, défense, abondance, force, prudence, délicatesse, résilience
Myrtille : clarté, vision, abondance, générosité, amitié, amour
Noisetier : abondance, fertilité, protection, perception subtile, clarté, sagesse, souplesse d’esprit, générosité
Piment : richesse, prospérité, force, pugnacité, magie
Pommier : énergie nourricière, abondance, amour, force, beauté, intuition, inspiration
Romarin : énergies solaires, amour, mémoire, protection, purification, sagesse, coopération, abondance
Rose : amour, attraction, paix, protection, liens du cœur
Tournesol : énergies solaires, joie, paix, amitié, coopération, générosité, inspiration, adaptabilité

NB : il va de soi que si ces éléments ont une autre signification pour vous, c’est votre symbolique personnelle qui prime ! La force d’un symbole réside dans le sens qu’on lui donne. N’accordez d’importance qu’à ce qui a du sens pour vous.

Fabriquer une poupée de grains

Les paysans du XVIème siècle fabriquaient des poupées de grains en guise de charmes pour se protéger de la famine et de la maladie. Même si vous vivez à l’abri de la faim et des épidémies, vous pouvez recycler cette vieille tradition, et réaliser votre charme pour vous relier à l’énergie généreuse de Lugnasad, remplir tout votre être de gratitude. Vous pouvez confectionner votre poupée avec des épis de céréales, des feuilles de maïs ou des tiges de graminées que vous trouverez sur le bord du chemin. Vous pouvez aussi l’habiller d’un ruban de couleur, et la disposer en décoration.
Je vous conseille de disposer votre poupée de grains dans un endroit où vous aurez l’occasion de la croiser du regard plusieurs fois dans la journée, cela vous aidera à raviver l’énergie de gratitude régulièrement, sans même y penser !

Si cette activité vous plaît, vous pouvez aussi fabriquer des poupées de grains à offrir comme porte-bonheur à celles et ceux que vous aimez, mais aussi, pourquoi pas, à des inconnus. Laissez libre cours à votre créativité pour confectionner vos petit·es gardien·es de chance et de protection.

Faire son pain

La première récolte étant sacrée, la farine et le pain le sont tout autant ! C’est l’occasion de vous essayer à la confection d’un pain délicieux ou d’une brioche, à partager avec des amis ou en famille.

Là encore, je vous encourage à préparer votre pain en conscience. Tout en pétrissant votre pâte, remerciez la terre, le soleil et la pluie, pour leur fertilité, les paysans qui la cultivent, les meuniers qui moulent le grain et le transforment en farine, les routiers qui l’acheminent, le magasin qui vous la vend… Mettez-y aussi tout votre amour et toute votre générosité. Songez aux personnes avec lesquelles vous allez partager votre préparation, je vous promets que c’est très efficace pour imprégner votre pain d’une énergie délicieuse d’ouverture du cœur.

Organiser un repas entre amis ou en famille

Le partage d’un repas avec des gens qu’on aime est toujours l’occasion de prendre un bain de joie, d’amour et de générosité. C’est la meilleure période pour les pique-niques et les barbecues, qui donnent l’occasion de préparer des petits plats festifs et faciles à transporter. À vos spécialités de quiches, tians, salades composées, clafoutis ou encore sandwichs ! Si vous le sentez, préparez des victuailles aux couleurs de Lugnasad, à base de farine, de riz ou de pommes de terre, de baies et de fruits et légumes de saison. De mon côté, ce sera burgers maison et patates à la braise, suivi d’une tarte aux myrtilles sur fond de pralin pécan-cannelle. Et vous ?

Vous pouvez agrémenter ce moment avec des activités à partager, comme la réalisation d’une œuvre végétale éphémère, l’organisation d’un tournoi et/ou l’improvisation d’un bœuf musical.

Jouer

Je repense à Micky, qui me parlait, avec des étoiles dans les yeux, des olympiades auxquelles il invitait ses ami·es chaque été au mois d’août. Il organisait des tournois sportifs, au cours desquels chacun·e forgeait des souvenirs d’anthologie.

Pourquoi pas organiser, à votre tour, un rendez-vous avec ami·es et/ou famille et pratiquer des jeux en extérieur ? Courses en sac ou à trois pattes, relais en tous genres, tournoi de molki ou de pétanque, tir à la corde, parcours à cloche pieds, jeux de lancés, mais aussi concours de jeux de mots, cadavres exquis ou spectacles de marionnettes improvisés, sont autant d’idées qui vous promettront des moments de franche rigolades. C’est le moment de laisser parler votre créativité !

Prendre le temps de la contemplation

Promenez-vous dans la nature en fin de journée, et imprégnez-vous de cette ambiance chaleureuse de la récolte des fruits arrivés à maturité et de la satisfaction du travail accompli. Laissez-vous sentir et ressentir. Déployez vos antennes ; goûtez la chaleur sèche d’un soir d’été ; sentez le parfum sucré des fleurs ; sentez la caresse des herbes dorées et des coccinelles sur votre peau ; voyez les couleurs du ciel virer doucement du bleu au rouge ; entendez le clapotis des feuilles qui dansent dans le vent ; ressentez le temps qui se suspend. Tandis que la lumière se tamise, laissant derrière elle son enveloppe de chaleur, prenez un bain de gratitude. Puis prolongez ces sensations de gratitude jusqu’à vos projets. Pensez à tout ce que vous avez semé pendant ce cycle, et saluez le résultat de toutes les actions que vous avez mises en place jusqu’ici. Dégustez avec tous vos sens, les sentiments que cela vous procure : satisfaction, frustration, gratification, etc. Et laissez-vous être là, dans ce moment de plénitude, rempli·e de toute la splendeur de votre humanité.

Allez à la rencontre d’un plan d’eau, et si vous le sentez, en conscience, trempez-vous les pieds, ou baignez-vous carrément. Écoutez les gazouillis de l’eau, qui réagit à chacun de vos mouvements. Sentez sa fraîcheur pénétrer votre peau. Sentez comment elle ralentit vos gestes, habituellement plus rapides. Sentez comment elle soutient votre corps, habituellement plus lourd. Entendez le chant des oiseaux et du vent dans les arbres. Admirez les reflets de la lumière sur ses ondes, et observez son effet loupe. Goûtez-la, si elle est assez claire. Et au sortir de votre baignade, ressentez l’effet du vent sur votre peau mouillée, la sensation de vos cheveux collés dans votre dos. Goûtez la sensation du retour sur la terre réchauffée par le soleil…

Joyeuses fêtes de Lugnasad !

Sources
· Marquis, M. (2017). Lugnasad. Éditions Danaé
·https://www.claddaghdesign.com/history/all-about-lughnasadh/
· https://www.breizh-info.com/2017/08/06/75044/lugnasad-fete-celtique-de-recolte-de-souverainete/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut